Living the dream (not)

Je sais pas si ça vous est déjà arrivé vous-autres de vous dire que votre apport à la vie c’est genre une goutte d’eau dans un sacrament de gros océan. Je sais, oui, que ce sont les gouttes d’eau qui alimentent le creux des ruisseaux et ainsi de suite (thx Wilfred), mais n’empêche qu’on s’entend toute pour dire qu’un coup de Shamwow pis qu’y’en reste pu, de goutte.

Quand j’avais 14 ans, je vivais dans un trou pis je suivais la montée fulgurante et un peu too much de Xavier Dolan dans les journaux, à la télé. Je lisais tous les articles, aussi minimes soient-ils, au point de savoir qu’il est né vers la fin mars pis que son père c’était celui qui jouait le coach qui taponnait Johnny-le-boxeur dans Watatatow. Je me souviens que j’étais allée voir son premier film trois jours d’affilée au cinéma pis qu’à chaque fois que je sortais de la salle, je me disais qu’un jour y’allait avoir mon nom en caractères gras sur une affiche juste à côté des sacs de popcorn à 10 piasses. Je me disais que Xavier Dolan, lui c’était pas une goutte d’eau, c’était l’équivalent, genre, d’une piscine olympique. Y t’a de la goutte en batinse, là-dedans, mon ami.

Je me souviens avoir dit à mon cousin : « Watche-moé ben aller, man. À 20 ans, j’vas en avoir des RayBans, moé itou, pis j’vas avoir un loft pis j’vas avoir plein de cash hihihihihihi mucho Doritos, t’a catches-tu? » (sans commentaire)

Sept ans plus tard, la seule affaire que j’ai réussi à cocher de cette liste-là, c’est les RayBans. Faut croire qu’on était pas mal à avoir ça sur notre checklist parce qu’on était une méchante gang à en avoir dans face à ce moment-là. Avoir su, j’pense pas que j’aurais menti chez l’opto pour en avoir. Life hurts, you know. Tk.

Je sais pas si vous avez déjà vécu ça, des angoisses existentielles. Me semble que la mi-session c’est un timing excellent pour ça. Quand tu sors d’un examen à 9h00 un samedi matin qui portait sur les français d’Amérique du Nord, le genre d’exam où tu plugges que ‘raton laveur ‘ en Acadien ça se dit ‘mascouèche’ j’avoue que tu te demandes un peu ce que tu câlisses pis que t’as peut-être le goût de checker pour les critères d’admission en comptabilité. Tsé, là ça serait facile, genre tu pognes une calculatrice pis tu additionnes pis tu soustrais pis tu dis : « ouain, ben coudonc, c’te compagnie-là fait vraiment la piasse… oh wait, moé aussi!$!$!$! »

L’affaire, dans vie, c’est qu’on voudrait tellement devenir quelqu’un pis qu’on aimerait tellement ça, genre, avoir notre nom sur autre chose que notre carte d’assurance maladie qu’on en oublie que Steve Jobs s’est sûrement déjà fait sacrer là par sa blonde pis que Frida Kahlo aussi devait avoir des boutons qui y poussaient dans face quand était menstrue. J’pense qu’on a tendance à oublier que les plus grands de ce monde ont déjà passé par où on est en ce moment, qu’eux-autres aussi devaient compter leurs cennes pis faire des affaires dull en attente du jour où leur vie allait trouver un sens.

C’est certain aussi que si tu vis dans l’attente de créer la huitième merveille du monde, y’a des chances que tu meurs seul et aigri et malheureux. Mettons que pour le moment, le sens que je donne à ma vie c’est de servir du café à du monde un peu triste avec des bobos sur lesquels je mets du baume à coup de sourires pis de clins d’œil. C’est un peu un début, je pense. Une petite goutte d’eau dans leur désert à eux-autres.

Faut voir ça d’même.


2 réflexions sur “Living the dream (not)

Laisser un commentaire